Depuis le début du conflit, l’Ukraine a progressivement renforcé sa capacité à mener des frappes avec des drones longue portée. En 2025, ces opérations se sont multipliées, avec une précision croissante. Les drones ukrainiens visent des infrastructures critiques sur le territoire russe. Raffineries, dépôts de carburant, usines, sites militaires et bases aériennes figurent parmi les cibles les plus fréquentes.
Parmi les installations touchées figure la raffinerie de pétrole de Ryazan, l’une des plus importantes de Russie. L’attaque a provoqué un incendie, entraînant l’arrêt temporaire des opérations. Ce type de frappe a un impact direct sur l’approvisionnement en carburant, notamment pour les opérations militaires russes proches de la frontière. Une autre cible significative a été une usine chimique dans la région de Moscou, dont une partie de l’activité a été interrompue. Ces frappes témoignent de la capacité de l’Ukraine à atteindre des objectifs situés loin du front.
Les drones utilisés par l’Ukraine sont de types variés. Certains sont produits localement, d’autres sont modifiés à partir de modèles civils ou fournis par des partenaires étrangers. Ils peuvent transporter des charges explosives légères, mais suffisantes pour endommager des cibles peu protégées. Certains modèles ont une autonomie de plus de 800 kilomètres. Leurs vols sont généralement programmés à basse altitude pour éviter la détection radar, ce qui complique leur interception.
En juin 2025, l’opération appelée « Spider’s Web » a marqué un tournant. Plusieurs frappes coordonnées ont visé, en une seule nuit, des installations industrielles dans les régions de Toula, Lipetsk et Briansk. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux russes ont montré les flammes et les fumées s’élevant de plusieurs sites. Les autorités russes ont reconnu que certaines infrastructures avaient été endommagées. Cette opération a démontré la capacité ukrainienne à lancer des offensives simultanées sur différents points du territoire ennemi.
L’impact de ces attaques dépasse le seul plan matériel. Elles perturbent la logistique militaire russe, notamment le ravitaillement en carburant et en munitions. Elles mobilisent également les défenses antiaériennes russes sur de vastes zones, détournant une partie des ressources de la protection du front. Moscou a été contrainte d’installer des systèmes de défense sur des sites industriels jusque-là considérés comme sûrs.
La Russie tente de répondre à cette menace par plusieurs moyens. Des systèmes de brouillage électronique sont déployés autour des sites sensibles. Des batteries de défense antiaérienne de courte portée sont repositionnées. Le gouvernement russe a également investi dans le développement de contre-drones, notamment à base de lasers ou de filets déployables. Toutefois, ces dispositifs n’ont qu’une efficacité partielle, notamment face aux drones opérant en essaim ou de nuit.
De son côté, l’Ukraine investit dans la production de drones à bas coût, faciles à assembler et capables d’être produits en grande quantité. Certaines usines fonctionnent de manière décentralisée pour éviter les frappes russes. Des partenariats ont été noués avec des pays européens pour accéder à des composants électroniques et à des technologies de navigation plus précises.
Ce développement rapide s’inscrit dans une véritable course à l’innovation. Les deux camps cherchent à adapter leurs tactiques face à l’évolution constante des moyens technologiques. Le conflit devient ainsi un laboratoire d’expérimentation pour les drones militaires. Les leçons tirées de ces opérations pourraient influencer durablement les doctrines de combat en Europe.
Les frappes de drones ukrainiens sur le territoire russe ont aussi un effet psychologique. Elles rappellent que le conflit n’est plus limité à la ligne de front. Des habitants de régions éloignées du front vivent désormais avec la crainte d’une attaque. Pour les autorités russes, cela crée une pression supplémentaire, politique et sociale.
Enfin, ces frappes posent de nouvelles questions sur le droit international. La portée des drones, la difficulté d’identifier les opérateurs, et l’usage de matériels civils à des fins militaires compliquent les enquêtes et les responsabilités. Le recours massif à ces engins pourrait redéfinir les règles d’engagement dans les conflits modernes.