Barcelone et le pilotage fiscal

Mercredi dernier, lors d’un congrès se déroulant à Barcelone, j’ai eu l’occasion d’entendre un économiste allemand exposer son point de vue sur l’état de la France. J’ai été choqué de constater combien celle-ci est désormais ressentie comme un souci pour l’Europe. Si l’on ne peut nier que le pays jouit encore d’atouts manifestes (avec ses entreprises de pointe, la richesse de son immigration ou sa force de travail fort demandée, la France conserve un gros potentiel), le pays est tout de même perçu, d’un point de vue international, comme maladif. Cela n’a rien de nouveau, a priori. Le déclin est épidémique en France depuis l’achèvement des Trente Glorieuses. Mais ce déclin a accentué sa courbe en 2012, suite aux élections présidentielles. Lorsqu’on étudie les chiffres macroéconomiques, le verdict est sans appel. La gauche a cristallisé certains espoirs en parvenant à la tête de l’Etat, mais cela fait longtemps qu’ils sont passés (comme les sondages le prouvent, d’ailleurs). Pourtant, si nous lorgnons avec pessimisme les actions du gouvernement, le regard que portent les étrangers sur ces mêmes actions est dix fois plus sombre. L’action phare de François Hollande, la taxe à 75% pour les revenus d’activité supérieurs à un million d’euros, est devenue connue de tous, et ce à l’échelle planétaire. Je me souviens encore de Will Smith en 2012 sur un plateau télé, n’arrivant pas à y croire lorsqu’un journaliste français lui avait annoncé cette proposition de Hollande ; je me souviens tout particulièrement qu’il avait béni l’Amérique de ne pas être né français. Même si cette charge stupide a fini par être enterrée, elle reste à l’étranger comme une tache d’huile. C’est même l’image de notre gouvernement à l’international. J’ai eu une longue discussion avec des participants venant des Etats-Unis, et tous associaient le gouvernement à cette mesure ! Quelle fierté, non ? C’est peu de dire que cette mesure a envoyé un signal nuisible aux investisseurs étrangers. Si, électoralement, c’était un coup de maître, elle n’a fait que nous enfoncer dans la débâcle économique pour plusieurs années supplémentaires. Dans une boutade, l’intervenant a soutenu que même les rouges n’auraient pas osé une telle mesure ! Que venait faire le rose dans ce rouge foncé (surtout pour finir par virer dans le bleu) ? Je me souviendrai longtemps de ce congrès à Barcelone . François Hollande peut bien jouer les vendeurs (jusqu’à proposer ses produits à Cuba), il n’empêche que le seul engagement qu’il ait tenu jusqu’ici sera difficile à effacer. A lire sur le site internet de l’Agence Séminaire à Barcelone.