La catégorie des jeunes NEET fait l’objet de nombreuses critiques dans les travaux scientifiques. Ces objections constituent des points de vigilance à garder à l’esprit au moment d’analyser le processus par lequel le non-recours des jeunes adultes devient un problème public en France. La première critique adressée à cette catégorie pointe la grande hétérogénéité des situations et des expériences sociales rassemblées sous une même étiquette. Mobilisée sans précaution, la catégorie ne rend pas compte de la plus ou moins grande vulnérabilité des individus et de la diversité des expériences vécues qui peuvent également être positives du point de vue des intéressés. Le rapport Eurofound distingue à ce titre cinq sous-groupes au sein de la catégorie des NEET : les « engagés », les « chercheurs d’opportunités », les personnes « indisponibles » ; les « chômeurs disponibles » ; et les « chômeurs découragés ». Valentina Cuzzocrea insiste également sur la nécessité de situer les analyses selon les contextes socioéconomiques et politiques dans lesquels les jeunes construisent leurs parcours. De fait, selon le régime de citoyenneté socioéconomique réservé aux jeunes, les politiques publiques n’offrent pas les mêmes possibilités aux individus. Dans le cadre d’une enquête par récits de vie auprès de jeunes âgés de 18 à 35 ans dans quatre grandes villes (Madrid, Montréal, Santiago, Paris), Cécile Van de Velde repère l’existence d’au moins trois types d’expériences vécues par les « NEET » (« alternatives » ; « suspensions » ; « impasses »). Ces types d’expériences sont construits selon deux variables principales : l’horizon temporel dans lequel elles s’inscrivent, et le rapport individuel et subjectif que les individus construisent avec ces expériences selon qu’ils les ont plus ou moins choisies ou subies : « L’expérience alternative s’apparente à une mise en marge durable et volontaire du système. […] L’expérience de suspension correspond davantage à un retrait transitoire des occupations socialement attendues – formation ou emploi – avec l’objectif de se réengager, à court ou moyen terme, dans une autre occupation sociale. […] L’expérience de l’impasse correspond à un retrait apparent de la vie éducative ou professionnelle, s’étalant dans la durée, lorsqu’une phase d’attente prolongée se mue en trajectoire d’enlisement et d’impasse sociale subie. » (Van de Velde, 2016, p. 19.)